Le marché français de la construction bois est encore aujourd’hui assez confidentiel : moins de 10% des maisons neuves de 2016 sont construites en ossature bois (source Afcobois), contre plus de 85% en Finlande. De plus, pour le moment, elle reste encore relativement cantonnée aux régions ayant un historique fort avec le bois, telles que le Rhône-Alpes, l’Aquitaine et l’Alsace. Pourtant, malgré la relative tiédeur du marché de la maison à ossature bois – qui souffre aussi du ralentissement de celui de la maison individuelle tous modes constructifs confondus, un certain nombre d’obstacle au développement du bois semblent être levés. La construction bois gagne en popularité et est sur le point de prendre une vraie ampleur au niveau national. Quelques explications sur ce regain d’intérêt :
L’innovation technologique et la carte environnementale
Tout d’abord, les nombreuses possibilités offertes par les techniques de lamellé-collé, de lamellé-croisé, d’aboutage, de systèmes de fixation ou encore de panneaux complexe mêlant structure et isolation comme le mur RESPIR(R), rendent accessibles au bois quasiment toutes les architectures. Ensuite, les évolutions réglementaires en cours et futures, notamment le label E+C- préfigurant la RE2020, sont très nettement favorable à l’usage de matériaux biosourcés. A cet égard, le bois est le champion des matériaux, grâce à sa capacité à stocker le CO2 au lieu d’en émettre – et à la faible quantité d’énergie grise nécessaire à sa transformation : il faut 4 fois moins d’énergie fossile pour produire des éléments en bois que le béton, et 130 fois moins que l’aluminium.
La filière bois en mutation
Le manque de structuration de la filière bois explique également le manque de dynamisme de la construction bois des dernières années. En effet, le territoire français présente des forêts très morcelées, des exploitations qui le sont tout autant, et un intérêt historiquement assez faible des entreprises pour le secteur de la construction. Face à l’évolution de la demande toutefois, l’offre s’ajuste et s’industrialise.
La préfabrication encouragée
La légèreté et la maniabilité du bois rendent possible la préfabrication des éléments en usine. A l’instar du mur RESPIR(R), la fabrication en atelier d’éléments de l’enveloppe permet d’intégrer, dans des conditions de travail idéales, l’isolation, le bardage et même les menuiseries extérieures, avec une vraie maîtrise de la qualité d’exécution. L’assemblage sur site est ensuite fiable, rapide et sans nuisances. La préfabrication bénéficie aujourd’hui d’un appui significatif des pouvoirs publics, avec le lancement en 2017 de la troisième étape du Plan Construction Bois. Par ailleurs, il est prévu à court terme que le “procédé de construction en préfabrication” soit intégré au code de la construction. Les constructeurs de maison individuelles comme ARTECK ne sont pas en reste : l’échéancier de paiement du contrat de CCMI, jusqu’ici synchronisé avec l’avancement du chantier, sera prochainement révisé pour être adapté aux entreprises faisant appel à la préfabrication, phase qui concentre une bonne partie des dépenses.
Les projets d’IGH, démonstrateurs technologiques
Pour poursuivre le développement de la construction bois, la meilleure solution reste de convaincre par l’exemple. C’est ainsi que de nombreux pays comme la Suisse, le Canada, la Finlande ou encore la France, proposent des projets pilotes démontrant les nombreuses qualités et possibilités du bois. Les projets emblématiques immeubles de moyenne et de grande hauteur se multiplient notamment en France, comme notamment l’ilôt bois à Strasbourg ou la tour Hypérion à Bordeaux, qui culminera à 57m. Outre leur ambition technique réelle, ces projets exemplaires sont un formidable vecteur de démocratisation de la construction bois, et ont tendance à rassurer sur les projets plus domestiques, comme la maison individuelle à ossature bois en abolissant un certain nombre de préjugés. Grâce à ces vitrines grand format, de plus en plus de maîtres d’ouvrages professionnels et privés sont sensibles aux atouts du bois. La multiplication de ces projets iconiques de grande qualité architecturale est de bonne augure pour la filière bois toute entière, et ne peut qu’aller dans le sens d’une construction plus durable et à moindre coût carbone.